Notre capacité de rebondir

Comme êtres  humains nous nous croyons  invincibles, invulnérables tant que nous ne sommes pas confrontés à une situation extrême, comme une maladie grave, un accident qui a mis en péril notre vie ou a causé la perte d’un être très cher. Il peut aussi se produire des épreuves pénibles comme la perte d’un emploi, une agression violente, une séparation soudaine, la fugue interminable d'un enfant, le burnout, la déprime ou toute autre situation traumatisante.

Quand on est en bonne santé, que le travail et la vie amoureuse et sociale  se portent bien on n’a pas à se soucier de sa survie, ni au fait de sa précarité. Sans être endormi, on est comme immunisé contre l’infortune et c’est bien ainsi. La maladie, la mort ou le malheur des autres nous attristent profondément mais ils ne constituent pas  des expériences de confrontation avec ces événements. Les adeptes du sport  extrême comme les coureurs automobiles, les cascadeurs défient la mort tout en se croyant invincibles jusqu’au jour où survient un accident qui les rendra handicapés pour le reste de leurs jours

Quand survient l’événement traumatisant, on se sent alors fragile et menacé dans sa survie. C’est dans ces circonstances qu’il faut faire appel à nos ressources internes. Au centre de notre soi il y a un ressort invisible qui  nous offre la capacité de rebondir. Toutefois, la voie qui conduit à ce ressort invisible exige une démarche rigoureuse, un changement de cap à bien des niveaux.

Après avoir passé les phases de choc, de déni, de colère, de rébellion, de dépression, après avoir digéré l’impensable, une nouvelle réalité s’impose à notre conscience. Là seulement, surgit la possibilité de l’affronter. Je cesse alors d’être une pauvre victime et je deviens responsable de ma  survie. Celle-ci commence par un renouvellement de son univers intérieur, une transformation de la réalité antérieure. Avant de s’engager dans un passage étroit qui correspond à un changement de croyances et de conduite, il y a un nécessaire lâcher prise par rapport au passé. L'attitude fondamentale face à la vie est la clé première de tout changement, de toute guérison physique, psychologique et spirituelle.

Toute épreuve moindrement pénible nous ramène à cette question cruciale; quelle est maintenant ma raison de vivre ?

Le fait de s'attacher à la vie, de garder espoir, de croire que ce que je désire va se réaliser donne une toute autre perspective à notre futur. Nos mécanismes de survie mettent en branle un potentiel de ressources et une endurance insoupçonnée. Ces mécanismes de survie se traduisent par des comportements d'adaptation à une nouvelle réalité. Le fait de modifier ses attitudes, son état d'esprit transforme la relation, soit à la maladie, à la mort ou toute épreuve et devient alors une raison nouvelle de s'accrocher à la vie. Ainsi, nous développons la volonté de traverser l'épreuve et de la combattre par tous les moyens possibles.

Le temps va prendre une épaisseur, une consistance dont le prix est l'instant présent. Dorénavant, ce qui compte ce n'est pas le temps qu'il nous reste à vivre mais le temps devient du temps pour vivre pleinement.

Nous ne souhaitons à personne de vivre des épreuves accablantes. Toutefois, si elles surviennent chez vous ou chez une personne à qui vous venez en aide, sachez qu'il existe en chacun de nous un ressort invisible, capable de nous faire rebondir beaucoup plus loin que là où  nous étions.

Guillaume

Octobre 2001

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