SOURIS MARIE, LA VIE EST BELLE

 

Le 20 février dernier, j’ai eu le plaisir d’assister à la projection du film " Souris Marie, la vie est belle." Ce documentaire relate l’expérience extrême vécue dans l'Arctique, par un groupe d'adolescents atteints de cancer, dont Marie-Hélène faisait partie. J’ai connu Marie-Hélène lors de ses traitement en radiothérapie, en décembre 2000. Sa personnalité, son sourire et sa détermination devant la maladie m’ont impressionné, au point de devenir une référence dans ma lutte contre le cancer.

 

Les jeunes de l’expédition par leur courage, leur énergie et leur amour de la vie nous livrent un témoignage poignant et exemplaire face à l’adversité. Ayant tous frôlé la mort, la montagne     qu’ils ont gravie, loin d’inspirer la peur, représentait un défi de taille, une victoire sur la maladie. J’ai senti chez eux l’urgence de vivre intensément chaque minute de leur aventure, comme si elles étaient les dernières de leur vie. J’en déduis également que la vie n’est pas une course, mais une lente ascension vers les sommets qui nous révèlent les secrets du bonheur. Khali Gibran dans Le Prophète nous dit; " Quand vous aurez atteint le sommet de la montagne, vous commencerez à grimper ". Le temps passé et à venir n’a plus d’importance quand on se concentre sur chaque pas que l’on fait, sur chaque instant que la vie nous offre.

 

Vous tous qui travaillez au quotidien, vous êtes constamment confrontés à la notion d’urgence : urgence de protéger un enfant, urgence d’un dossier, d’une rencontre, d’un rapport, etc. Toutes ces urgences vous poussent à courir toute la journée, au risque de passer à coté de l’essentiel des gestes que vous accomplissez et du temps que vous leur consacrez.

 

Pour ce faire, il faut s’avoir ralentir au besoin, s’arrêter lorsque nécessaire. Étant ralenti par la maladie, j’ai appris depuis deux ans, à marcher, à faire du ski ou du vélo, deux fois moins vite et à regarder, sentir, goûter deux fois plus intensément. Par la peinture, j’apprends à découvrir que chaque arbre de la forêt est unique et c’est ce qui constitue sa beauté. Je découvre dans le feuillage, tous les tons de vert, de jaune et d’orangé et dans les nuages, tous les tons de bleu, de gris et de rosé. Un regard renouvelé sur les gens, sur la nature, sur les événements, change notre capacité de créer et d’agir. Les athlètes olympiques, pour réussir leurs performances, doivent      s’arrêter et repasser des centaines de fois leurs gestes dans les moindres détails. La passion, dirigée par un esprit confiant, fait souvent la différence chez les gagnants. Je vous partage ces impressions parce que si j’avais à recommencer ma carrière, j’agirais probablement différemment. Mais comme on ne peut revenir en arrière, je me concentre sur le présent qui ouvre la voie sur un futur meilleur, car " aujourd’hui n’est que le souvenir d’hier et demain, le rêve d’aujourd’hui. " (Gibran)

 

En relisant Le Petit prince de St-Exupéry, je découvre que le plus grand défi de la vie (notre montagne) est de s’apprivoiser, c’est-à-dire, se connaître, s’accepter et savoir créer des liens avec ses proches et ses semblables. C’est une œuvre d’amour, de compromis, de respect et de patience. Il en est ainsi du travail et des relations humaines qui peuvent devenir de l’amour rendu visible. " Il n’est pas de plus beau métier que celui des relations humaines " (St-Exupéry). Puissiez-vous l’exercer dans la solidarité et la confiance mutuelle.

 

Je joins ce petit poème composé suite au décès de Marie-Hélène. Elle a quitté les siens, le 20 février 2001, dans l’espérance et la sérénité.

 

Cliquez ici pour le poème  "Marie-Hélène"                                                        retour au site