DE LA PEUR DU MOURIR

 

Quel beau moment en ce temps de l'Halloween, pour parler de la mort.

Les magasins regorgent de décorations farfelues et terrifiantes.

Les squelettes, les fantômes et les têtes de mort sont à l'honneur sur les parterres,

aux portes et aux fenêtres des maisons, pour le bonheur des enfants qui se soucient peu

de la mort et jouent avec ces symboles parfois avec des petits frissons.

  

Une amie me demandait dernièrement si j'avais peur de mourir,

si cela m'angoissait. Je crois que tant que la mort ne frappe pas immédiatement à notre porte,

il est difficile de répondre avec assurance à cette question.

Avant l'opération à la colonne cervicale, considérée comme très risquée,

j'avais préparé mon épouse et mes enfants à une telle éventualité.

Dans mon raisonnement j'avais choisi cette option, plutôt que de demeurer invalide

et de dépendre entièrement des autres. Je ne voulais pas être un fardeau pour mes proches.

 

Quand on a le cancer, l'évocation de la mort est inévitable et elle relance pour chacun de nous,

les questions essentielles sur la vie après la mort. Comme il n'y a pas de certitude scientifique,

les non-croyants s'appuient sur cette non évidence, pour affirmer que les croyants se sont forgés

un Dieu et des scénarios de ciel et d'éternité pour échapper à l'angoisse du néant. Évidemment,

il faut reconnaître et accepter notre finitude, à savoir que notre nature est vulnérable à la maladie

et aux accidents et que toute vie terrestre prend fin un jour ou l'autre. D'ici cent ans,

toute la population terrestre aura disparue, sauf quelques exceptions

qui prolongeront leur séjour de quelques années. Il est impératif d'accepter lucidement

cette finitude pour être en mesure de faire face à l'angoisse du néant.

Certains croyants ont une certitude inébranlable dans la continuité d'une autre forme de vie

après la mort et éventuellement dans l'avènement de la réincarnation ou de la résurrection.

De tout temps, l'homme a adopté des croyances et des rites funéraires qui supposent une vie

après la mort. Les religions les plus répandues dans le monde croient à l'existence

de la réincarnation ou de la résurrection.

 

Quant à moi, à travers des épisodes de doute et de questionnement,

je vis d'espérance et de confiance en m'appuyant, d'une part, sur le message évangélique

et d'autre part, sur un besoin inné de donner un sens à ma vie. Reconnaître sa finitude

ce n'est pas renoncer au dépassement de soi et accepter la fatalité.

La vie nous révèle une part de mystères et revêt un caractère sacré,

qui s'ouvre sur un champ virtuel de possibilités et d'hypothèses sans fin.

 

Mon esprit conscient adhère à l'existence d'une âme, qui demande à vivre au-delà

de mon corps mortel. Ma soif d'infini, de bonheur appelle un lieu, un état,

une rencontre divine pour le combler. Mes réflexions depuis la maladie,

m'ont conduit à une intériorisation, à une ouverture sur les dimensions spirituelles

de l'existence et sur la reconnaissance de l'Être divin qui m'inspire et m'aspire vers lui.

C'est pourquoi, malgré mes craintes et mes doutes, je m'accroche à ma soif d'absolu

et à la promesse du Christ : " Je suis la résurrection. Qui croit en moi, fût-il mort vivra :

et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais " St-Jean, 11, 15-16.

 

La peur de la mort est liée à la fois à l'inconnu, à l'incertitude et à la séparation de mes proches,

de tous ceux que j'aime, de la vie elle-même avec tout ce qu'elle m'apporte.

Tant que mon corps dégage une certaine énergie, tant que je nourris de petits projets

à court terme, la mort n'est pas angoissante car elle peut attendre.  Toutefois, quand mon corps

sera fatigué, à l'approche de l'agonie, je ne peux prédire comment je me comporterai.

Je sais que lorsqu'il n'y a plus d'espoir de guérison, l'espérance prend la relève,

car elle nous conduit  vers une nouvelle issue porteuse de bonheur. Même si on est bien entouré

face à la mort, les appuis extérieurs sont bien insuffisants, car c'est d'abord à l'intérieur de soi

qu'il faut chercher ses appuis. Pour l'instant, je m'entraîne à nourrir mon espérance et prier,

pour qu'au dernier souffle, je verrai croître en moi une force et une paix intérieure

qui me permettront de faire mes adieux en toute sérénité et d'effectuer

le passage ultime en douceur. Le véritable lâcher prise arrive au moment de l'agonie.

Toutefois, dans mon esprit, cette heure est encore bien loin et tout est encore possible.

Comme tout le monde, je ne suis pas à l'abri d'un accident, comme il en arrive bêtement

à tous les jours. Par contre, aujourd'hui et demain ce qui est le plus important,

c'est d'entretenir le goût de vivre en profitant de tous les petits plaisirs qui se présentent

et cultiver mon esprit à saisir la beauté du monde et des choses, malgré mes handicaps

et parfois les soubresauts d'un corps endolori.

Guillaume - oct-2002

Cliquez pour texte suivant                                                         retour au site