Confucius, Papemich, et la "seconde famille"...

 

C-"Dis Papemich, ça te tenterait pas de venir faire un tour des fois."

P-"Bien tu sais vieux Confus, je sais pas trop..."

C-"Allez, me semble que ce serait à ton tour là..."

 

Je sentais dans sa voix que cela lui ferait bien plaisir que j'accepte son invitation.

P-"Ok, dis-moi, ça va toi ???"

C-"Oui,oui, pas de problème..."

P-"Ok, alors lundi qui vient, ça t'irait ?"

C-"Oh oui, bien sûr, je t'attends..."

 

Le lundi arriva et nous nous sommes retrouvés. Quand même sympa son petit appartement.

Le vieux Confus Cius avait idée qu'on pourrait aller voir son ancien temple, question de revoir

ses anciens potes qui oeuvraient avec lui.  Et pourquoi pas......

 

Bien sûr, à notre arrivée, plusieurs se sont empressés d'aller lui serrer la main,

ou de lui faire l'accolade. Faut dire que quand vous passez une grande partie de votre vie

dans un endroit, à cotoyer des gens, forcément qu'il y a des relations qui se créent.

On a cassé la croûte un peu et on a fait un peu de placotage sur tout et sur rien...

Quand nous sommes repartis, le vieux Confus était silencieux un peu...

 

P-"Dis-moi, mon cher Cofus Cius, tu y as été combien de temps dans cet endroit?"

C-"Plusieurs années mon jeune Pape, plusieurs années..."

P-"Et tu regrettes ton départ???"

C-"..."

P-"Confus, tu sais, tu peux en parler si t'en as le goût..."

C-"Heu, bien d'un côté, non, parce que sincèrement, le coeur y était de moins en moins...Mais d'un autre côté."

P-"oui..."

C-"D'un autre côté, il faut que tu comprennes que c'était mon univers, la place où je retrouvais plein de monde      qui me connaissait, avec qui je pouvais partager et échanger.."

P-"Et ça te manque ???"

C-"Pour être franc, oui, terriblement,,, Mais toi jeune Papemich, il te manque pas un peu ton milieu de      travail.???  Je veux dire, toi aussi tu as quitté..."

P-"Ouais, mais moi c'est différent.  D'abord je n'y étais pas depuis aussi longtemps que toi, et en plus, je dois      bien te l'avouer, j'étais disons , un peu distant avec les collègues..."

C-"Oui, c'est sûr que plus tu es longtemps à un endroit, plus l'accoutumance est grande."

P-"Mais revenons à toi, rien ne t'empêche d'aller faire un tour aussi souvent que tu le souhaites."

C-"Je sais, mais dis-moi franchement jeune ami, t'as rien remarqué...???"

P-"Bien pas vraiment....."

C-"Allez sois franc, dis-moi!!!"

P-"C'est que je voudrais pas te chagriner.  Et je peux bien me tromper aussi tu sais.."

C-"Alors toi aussi tu as observé..."

P-"Tu parles du fait que pour quelques poignées de mains que tu as reçues, je n'ai pas senti une grande chaleur      humaine.."

C-"Justement, et c'est un peu dur cette tiédeur...Bien sûr, je comprends qu'arrive un moment où il faut savoir      décrocher, assumer que le choix que l'on a fait nous éloigne de cet univers mais la transition, des fois, n'est      pas aisée..."

P-"Écoute vieux barbu, puis-je te dire ce que j'en pense vraiment..."

C-"Vas-y donc,,,Pour une fois que ce sera toi qui élaborera..."

P-"Bien je crois que des fois, les gens se retrouvent tellement pris dans leur besogne, dans leurs occupations,      que l'arrivée de quelqu'un qui ne fait plus partie directement de leur "monde", eh bien il peut arriver que      cela soit incommodant pour eux.  Remarque cependant que je crois aussi que malheureusement,      quelquefois, ces personnes devraient tenir compte que le milieu dans lequel on passe une grande partie de      sa vie devient en quelque sorte comme une seconde famille.

     Et comme dans une famille, il y a des départs, pour toutes sortes de raisons.  Mais au fond dans le coeur de     ceux et celles qui y ont vécu longtemps, il y a un sentiment d'appartenace qui lui,  je crois, reste  très fort.  Et     toujours comme dans une famille, pourquoi ne permettrait-on pas à cette personne qui a quitté de pouvoir     ressentir qu'elle a, et aura, toujours sa place dans cette famille.  Est-ce que ce serait si dur que cela de lui     faire sentir, sincèrement et chaleureusement, qu'elle sera toujours la bienvenue???  Qu'est-ce que ça     coûterait de la contacter, à l'occasion, peut-être simplement pour prendre quelques nouvelles d'elle ???

C-"Oh la la, tu me sembles amer dans tes propos..."

P-"Non, pas du tout, et j'ajouterais que des fois, il peut arriver que la personne qui est partie, elle-même ne     souhaite pas "revenir" dans la "famille", ou bien, même des fois, qu'on l'oublie...Mais pour celles qui vivent     et ressentent ce sentiment d'appartenance, je crois que ce serait bien d'essayer de la comprendre, le temps à     tout le moins qu'elle se refasse un nouvel univers de vie.

C-"Hum,,,Tu sais, ton exemple de la famille, c'est bien....Parce que ......"

P-"Parce que c'est ce que tu ressens un peu, beaucoup même, mon vieux Confus "

C-"..."

P-"Je sais, je sais, mon vieil ami ."

 

Nous avons passé le reste dela journée à faire des trucs divers et à placoter de tout et de rien.

 

Quand je suis parti, pour revenir à la maison, j'ai pris conscience, soudainement, de quelque chose d'un peu terrible. Une étrange sensation que j'avais ressentie en lui serrant la main au moment du départ, et que, d'un coup, je comprenais....

Celle du vide....

Le vieux Confus Cius n'a plus sa conjointe.  Il est donc seul dans son appartement. Et là, je m'imaginais si cela m'arrivait, si, dans ma situation, j'avais à rentrer dans mon logis en sachant que personne n'y serait, que personne ne m'y attendrait...Un vide immense et dévastateur....J'ai alors  compris pourquoi sa seconde "famille" avait tant d'importance....

 

Si vous êtes de ceux qui comme moi, chanceux, avez encore quelqu'un qui vous attend au retour, n'oubliez pas de lui dire que vous êtes heureux de sa présence....Et soyez accueillant pour ceux qui n'ont que la solitude comme compagne....

Papemich

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